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Sujets de révision

vendredi 23 février 2024, par Sandrine

Vous trouverez ci-dessous un certain nombre de sujets de révision autour des différents axes du programme.

Littérature et morale

1) La philosophe Martha Nussbaum dans L’art d’être juste, l’imagination littéraire et la vie publique, écrit :
« Je défends l’imagination littéraire précisément parce qu’elle me semble un ingrédient essentiel d’une position éthique qui nous demande de nous intéresser au bien de personnes dont les vies sont très différentes des nôtres. […] La littérature joue à cet égard un rôle particulièrement important pour rendre visible ce qui passe inaperçu dans l’espace public : elle donne à voir de l’intérieur des vies singulières ».

2) William Marx, dans La haine de la littérature (2015) écrit :
“La littérature est objet de scandale. Elle l’a toujours été. C’est ce qui la définit.”

3) Georges Bataille écrit dans sa Lettre à René Char sur les incompatibilités de l’écrivain, (Revue Empédocle, mai 1950) :
« Il est commun d’affirmer une incompatibilité de la littérature et de la morale puérile (on ne fait pas, dit-on, de bonne littérature avec de bons sentiments). Ne devons-nous pas afin d’être clairs marquer en contrepartie que la littérature, comme le rêve, est l’expression du désir, - de l’objet du désir, - et par là de l’absence de contrainte, de l’insubordination légère. »

4) Sandra Laugier dans « Littérature, philosophie, morale », « Les Philosophes lecteurs » (février 2006) écrit :
"L’œuvre littéraire n’a pas à donner des jugements ou à conduire (explicitement ou subrepticement) le lecteur à une conclusion morale. Mais elle est morale dans la mesure où, transformant le lecteur, son rapport à son expérience, elle fait partie en quelque sorte de sa vie."

5) Todorov affirme dans Critique de la critique :
"la littérature a trait à l’existence humaine, c’est un discours, tant pis pour ceux qui ont peur des grands mots, orienté vers la vérité et la morale."

La représentation littéraire

1) Maupassant écrit dans "Le roman", préface de Pierre et Jean :
« Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie mais à nous en donner une vision complète, plus saisissante, plus probante que la réalité elle-même. J’en conclus que les réalistes de talent devraient plutôt s’appeler des illusionnistes »

2) Thomas Pavel, dans La Pensée du roman, indique de quelle façon le roman fait sens et donne à penser. Il estime que :
« pour saisir et apprécier le sens d’un roman, il ne suffit pas de considérer la technique littéraire utilisée par son auteur ; l’intérêt de chaque œuvre vient de ce qu’elle propose, selon l’époque, le sous-genre, et parfois le génie de l’auteur, une hypothèse substantielle sur la nature et l’organisation du monde humain. »

Le théâtre

1) Dans son essai Le sujet dans le théâtre contemporain (2007), Serge Bonnevie affirme :
« En reprenant le terme d’Anne Ubersfeld, le théâtre est « signifiant », car il donne du sens au monde qu’il représente ; il signifie à l’homme un certain nombre de problèmes qui donnent lieu à une réflexion par l’intermédiaire des « histoires » (ou situations) qu’il représente. Il n’y a pas de théâtre sans une signification donnée sur le monde, une esthétique ; il n’y a pas de théâtre sans « sujet ». »

2) Michel Vinaver affirme dans son essai Écrits sur le théâtre :
« Dès son origine, le théâtre a pour usage d’émouvoir l’homme, c’est à dire de le faire bouger. Sa fonction est de bousculer le spectateur dans son ordre établi, de le mettre hors de lui, et sens dessus dessous. D’ouvrir un passage à une configuration nouvelle des idées, des sentiments, des valeurs. De forcer la porte à un comportement non encore imaginé. »

3) Dans Lire le théâtre II (1996, chapitre I.), Anne Ubersfeld affirme :
« Contrairement à un préjugé fort répandu et dont la source est l’école, le théâtre n’est pas un genre littéraire. Il est une pratique scénique. »

4) Dans La Lettre à d’Alembert sur les spectacles, publiée à Amsterdam en 1758, Rousseau écrit :
« Qu’on n’attribue donc pas au théâtre le pouvoir de changer des sentiments et des mœurs qu’il ne peut que suivre et embellir. Un auteur qui voudrait heurter le goût général composerait bientôt pour lui seul. […] jamais une bonne pièce ne choque les mœurs de son temps. »

5) Dans L’Impromptu de Paris, pièce créée en 1937, Giraudoux fait dire à l’un de ses personnages :
« Le théâtre n’est pas un théorème, mais un spectacle, pas une leçon, mais un philtre . Il a moins à entrer dans notre esprit que dans notre imagination et dans nos sens »

6) Jean Duvignaud et Jean Lagoutte écrivent dans Le Théâtre contemporain, Culture et contre-culture (1974) :
« Les grandes œuvres du théâtre sont toujours des œuvres subversives qui mettent en cause l’ensemble des croyances, des idées, des modèles, l’image de l’homme, d’une société et d’une civilisation. Certes, avec le temps, les histoires de la littérature effacent ce conflit ou du moins feignent de l’ignorer, pressées qu’elles sont de tranquilliser le lecteur en présentant des œuvres dans la suite apaisante d’une histoire et d’un déroulement. Mais à l’origine, toute grande œuvre, même si elle ne s’affirme pas complètement, frappe, gêne, révolte. »

7) Victor Hugo écrit dans Post-scriptum de ma vie, (posthume 1901) :
“Le théâtre n’est pas le pays du réel : il y a des arbres de carton, des palais de toile, un ciel de haillons, des diamants de verre, de l’or de clinquant […], du rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessous terre. C’est le pays du vrai. Il y a des cœurs humains sur la scène, des cœurs humains dans la coulisse, des cœurs humains dans la salle.”